En plus de nombreuses causes canadiennes qui ont défrayé la manchette à travers le monde, affirment les policiers, on se souviendra probablement de 2006 comme de l'année pendant laquelle la "webcaméra" est devenue l'instrument de choix de ces pédophiles pour qui les photos et les vidéos ne suffisent plus !
Les agressions commises en ligne en direct sont devenues une badge d'honneur pour les pédophiles dans Internet, affirme le détective torontois Warren Bulmer, un des deux membres d'une escouade spécialisée de Toronto qui a comme seule mission de retrouver les petites victimes.
"Il y a des individus qui pensent que leur réputation de pédophile sera rehaussée parce qu'ils commettent des agressions en ligne en direct", a-t-il dit.
En novembre, un homme de 34 ans de St.Thomas, en Ontario, a été arrêté après qu'un policier l'ait supposément vu en train d'agresser, en direct sur Internet, une fillette d'âge préscolaire.
Il s'agissait de la première arrestation effectuée au Canada relativement à une agression commise en direct sur Internet, mais ce ne sera probablement pas la dernière, préviennent les policiers, puisque les pédophiles qui sont déjà plus intéressés par les vidéos que par les photos viennent de découvrir une nouvelle sensation: être la vedette de leurs propres films.
"Tu vois un crime être commis pendant plusieurs minutes - et parfois, il y a même du son, a dit le détective Bulmer. Quand tu as des gens qui agressent un enfant pour se faire des amis ou devenir plus populaires, c'est vraiment épeurant."
Certains pédophiles offrent même à leur "public" une expérience "interactive", précise le sergent-chef Mike Frizzell, du Centre national de coordination contre l'exploitation des enfants, de la GRC.
"Ils (les pédophiles) obtiennent maintenant des commentaires et une gratification instantanés, a dit le sergent Frizzell. Les pédophiles veulent toujours être renforcés face à ce qu'ils font, et si ça provient d'autres pédophiles, qu'est-ce que ça change? Ils semblent instruits et articulés, et ils se disent que c'est le reste de la société qui a un problème".
Les webcaméras jouent aussi un rôle central dans un nouveau concept, celui des "victimes consentantes": des prédateurs en ligne réussissent à convaincre leurs jeunes victimes que de s'exhiber en ligne est parfaitement normal et acceptable, explique Rosalind Prober, de l'organisation non gouvernementale "Beyond Borders". "Il faut beaucoup de déconditionnement et de désendoctrinement pour que ces jeunes comprennent qu'ils ont été victimisés".
Les policiers ont quand même célébré quelques victoires en 2006, comme l'arrestation de Carl Treleaven, d'Edmonton, qui faisait partie d'un réseau international de distribution de matériel pornographique juvénile. Il a rapidement reconnu sa culpabilité et sa collaboration a mené à l'arrestation de 40 personnes dans le monde. Il a ensuite écopé une peine de trois ans et demi d'emprisonnement, la plus lourde sentence jamais imposée au Canada pour ce genre de crime.
Entre 40 000 et 50 000 enfants seraient entre les mains de pédophiles partout sur la planète, mais à peine 500 ont jusqu'à présent été identifiés et secourus.
"Les forces de l'ordre font toujours un peu de rattrapage, surtout en matière de technologie, reconnaît le détective Bulmer. Contrairement aux pédophiles, nous sommes limités par des budgets, et des règles et des lois. Mais nous avons fait beaucoup de progrès en peu de temps."
Malheureusement, il en va de même pour les pédophiles. "Ces gens-là finissent par consacrer leur vie à la maîtrise de la technologie pour exploiter les enfants, explique Mme Prober. Comment est-ce qu'on peut protéger plus d'enfants? Ca devient de plus en plus difficile."
Par Mike Oliveira © La Presse Canadienne, 2006
Source de l'aticle : BRANCHEZ-VOUS (CA)
http://techno.branchez-vous.com/actu/06-12/10-356301.html